L'avenir s'annonce en quelque sorte dansant autour d'un trou béant. Je
viens de perdre, c'est définitif, une grande partie de mes raisons de
vivre. En général, je dis, 'mes raisons de me lever le matin',
autrement moins tragique et clarifiant tout de suite que non - je n'ai
pas d'aspirations suicidaires.
Les dernières images qu'on
gardera en mémoire, quelles sont elles? On se les figure d'une
importance cruciale, on les aimerait plus fortes qu'un regard fuyant,
trop jovial, et une immonde paire de tongs.
On souhaite de bonnes vacances, pour ne pas dire Adieu. J'ai dit Adieu. Trop bas, dommage.
Ce
que l'on gardera en mémoire, ce sont finalement, les premières images,
le moment où une personne entre dans sa vie, où l'esprit analyse ce que
les yeux voient, ce que les sens au complet percoivent. Tout est
question d'alchimie, hein? Alors, qu'est-ce qui a foiré dans
l'équation? J'ai sans doute l'esprit trop littéraire; mais celà a son
charme aussi... Les premières images, je les aurai gravées dans mon
coeur, dans mon esprit et mon âme toute ma maudite vie.
Jamais
je n'oublierai aucun de ces moments qui ont forgé la majeure partie de
mon être. Finalement pour tous ces moments là, je ne peux me permettre
d'avoir le moindre regret. Pourtant..
Pendant quinze sacrés
jours, pendant quinze fichues nuits, j'avais imaginé une échapatoire,
un atermoiement quelconque aux adieux. Mais qu'étais-je sensée faire,
dire, comment étais-je sensée agir? Tout ça ne dépend pas de moi. Si ce
qu'il avait pû lire dans mes yeux même quand je feignais un flegme
inébranlable, n'a pas touché son coeur - je n'y peut rien faire. oh
qu'est ce qui me dit que je pourrais?!
"Et cette bouche dont
s'échappaient des torrents intarissables de futilités je l'aurais mille
fois pressée contre la mienne" qu'importaient bien les autres, peut
s'en était fallu.
Coward. No, even the coward does it with a kiss.
Mes
larmes d'eye liner salé coulaient brûlantes derrière les Ray-ban
fumées. Je m'enfuyait vers la sortie, et lui nous assénait d'un ultime
au-revoir dans le dos.
Avachie de désespoir sur le banc du quai
de métro, noyée dans mes pensées noires, écoutant d'une oreille C.
discourir dans son téléphone, je levais un instant les yeux. Sur le
quai opposé ils nous faisaient face, elle dans sa saharienne rose
informe et lui dans son t-shirt d'un turquoise criard. Est-ce que la
dernière image qu'il pourrait garder de moi serait celle d'une affreuse
masse voûtée? Nous montâmes dans le train. Adieu, adieu.
Adieu?
Non, nous nous reverrons; dans Paris qui vous a si souvent placé sur ma
route; un couloir de métro, un bar quelconque. Dans cinq ans comme dans
le roman fruit de mes insomnies.
Il faut oublier mais parfois on
ne veut pas. Je ne vous oublie pas, je vous carre dans une confortable
et chaleureuse place de mon coeur. Et si une impulsion soudaine me
glisse dans vos pensées... la clé vous appartient, et ce n'est plus a
moi, de vous la glisser l'air de rien entre les mains.
Rien ne
s'arrête, je le sais. Toujours, un rire, une paire d'yeux bruns
luisants, ancrés dans mes pensées, flottant devant mes yeux, mille
portes vers demain.
"un jour, dit-elle, un jour(...)"
"Et pour l'instant quelques larmes dans les miens."